Аннотация: Les amours.
Livre I. Книга I. Élégie VI. Д. В. Давыдов. <Элегия II> Élégie XII. A Eucharis. Д. П. Глебов. К Делии Livre II. Книга II. Élégie XI. Les Voyages. A Messieurs de P. Д. П. Глебов. Отъезд. Livre III. Книга III. Élégie XXII. Éloge de la campagne. A Catilie Д. П. Глебов. Сельская жизнь.
Французская элегия XVIII--XIX вв. в переводах поэтов пушкинской поры: Сборник. -- М.: Радуга, 1989.
ANTOINE de BERTIN. АНТУАН де БЕРТЕН
LES AMOURS. ЛЮБОВНЫЕ ЭЛЕГИИ
Livre I. Книга I
Élégie VI
Д. В. Давыдов. <Элегия II>
Élégie XII. A Eucharis
Д. П. Глебов. К Делии
Livre II. Книга II
Élégie XI. Les Voyages. A Messieurs de P.
Д. П. Глебов. Отъезд
Livre III. Книга III
Élégie XXII. Éloge de la campagne. A Catilie
Д. П. Глебов. Сельская жизнь
LESAMOURS
Livre I
ÉLÉGIE VI
Oui! que des dieux vengeurs l'implacable courroux
Sur l'infernal rocher d'un nœud d'airain t'enchaîne,
О toi qui, le premier, inventas les verroux,
Et fis crier les gonds sous des portes de chêne!
On enferme Eucharis; un injuste pouvoir
Dérobe à mon amour sa beauté gémissante.
Nuit et jour vainement je demande à la voir:
Lorsque j'entends ses pleurs, on dit qu'elle est absente.
Vous pleurez, Eucharis; vous attestez les dieux
(Car les dieux à l'amante ont permis ce parjure):
Vous pleurez, et peut-être un époux odieux
Joint l'injure au reproche, et l'outrage à l'injure.
Eh! qui sait si l'ingrat, de son bras rigoureux
Saisissant la beauté dont je suis idolâtre,
N'a pas d'un ongle impie arraché ses cheveux,
Ou meurtri son beau sein plus poli que l'albâtre?
Tombez, coupables murs! Dieux immortels, tonnez!
Vengez-moi, vengez-vous de sa fureur extrême.
Quiconque a pu frapper la maîtresse que j'aime,
Un jour, n'en doutez pas, à vos yeux étonnés,
Sur vos autels détruits vous détruira vous-même.
О ma chère Eucharis, ces dieux veillent sur nous:
Ta beauté sur la terre est leur plus digne ouvrage.
Songe, songe du moins à tromper les jaloux:
Il faut oser. Vénus seconde le courage;
Vénus instruit l'amante, au milieu de la nuit,
A descendre en secret de sa couche paisible;
Vénus enseigne encore l'art de poser sans bruit
Sur des parquets mouvants un pied sûr et flexible.
Te souvient-il d'un soir, où dans des flots de vin
Tu pris soin d'endormir ta vigilante escorte?
La déesse en sourit; et son pouvoir divin
Entrouvrit tout à coup un battant de la porte,
Que ma juste colère injuriait en vain.
Tu parus, Eucharis, le front couvert d'un voile,
En long habit de lin, noué négligemment;
Mais plus belle à mes yeux sous la modeste toile,
Que sous l'éclat trompeur du plus riche ornement.
Eh! qui sous cet habit ne t'aurait méconnue?
Il semblait étranger à nos tristes climats.
De mon bras amoureux tu marchais soutenue,
Et la terre fuyait sous tes pieds délicats.
О toit rustique et pauvre, atelier solitaire,
Par les plus vils travaux longtemps deshonoré,
A des travaux plus doux aujourd'hui consacré,
Tu couvris nos plaisirs des ombres du mystère!
Est-il d'horribles lieux pour le cœur d'un amant?
Un lit étroit et dur, théâtre de ma gloire,
De ce temple nouveau formait l'ameublement:
Eh bien! j'étais encore dans ton boudoir charmant,
Sous tes plafonds dorés et tes rideaux de moire.
Un feu pâle et tremblant, mourant à nos côtés,
Par intervalle à peine éclaircissait les ombres.
Eh! que m'importe à moi, si les nuits les plus sombres
Invitent tous mes sens aux molles voluptés?
Je craignais (tu le sais), ô ma belle maîtresse!
Que ce lit rigoureux ne blessât tes attraits:
J'oubliais que l'Amour, propice à ma tendresse,
De ses heureuses mains l'aplatit tout exprès.
Oh! combien, croyez-moi, sur ces lits favorables,
L'amant ingénieux invente de combats!
Là naissent les fureurs, les plaintes, les débats,
Les doux enlacements et les plaisirs durables.
Eucharis, par moi-même instruite à m'enflammer,
Pour la première fois semblait encore se rendre;
Affectait des rigueurs pour mieux se faire aimer,
Et disait toujours non, sans vouloir se défendre.
Le crépuscule seul interrompit nos jeux.
Le marteau sur l'airain avait frappé trois heures,
Il fallut tristement regagner nos demeures.
La foudre alors grondait sous un ciel orageux.
Loin de moi ces amants que Jupiter arrête,
Et qui courbent leurs fronts sous ses coups redoublés!
D'un œil audacieux défiant la tempête,
Je menais fièrement ma superbe conquête,
Et j'aurais bravé seul tous les dieux assemblés.
J'avanèais cependant sous cet immense ombrage,
Qui couronne en jardins nos remparts orgueilleux;
La maison d'Eucharis frappa bientôt mes yeux.
Cet aspect, je l'avoue, abattit mon courage:
Eh! qui peut se résoudre à ces derniers adieux?
Vingt fois je m'éloignai, saisi d'un trouble extrême,
Et vingt fois à ses pieds je revins malgré moi,
Je lui disais sans cesse: "О moitié de moi-même,
Je veux mourir, avant de cesser d'être à toi!"
Après mille baisers, la matineuse Aurore
Nous surprit sous les murs de ce fatal séjour;
Mes baisers sur le seuil la retenaient encore,
Et je ne la rendis qu'aux premiers feux du jour.
ЛЮБОВНЫЕ ЭЛЕГИИ
Книга I
<ЭЛЕГИЯ II>
Пусть бога-мстителя могучая рука
На верх гранитных скал, под вечными снегами
За ребра прикует чугунными цепями
Того, кто изобрел ревнивого замка
Заклепы звучные -- и хладными стенами
Красавиц оградил в презрении к богам!
Где ты, рожденная к восторгам, торжествам,
И к радостям сердец, и к счастью юной страсти,
Где ты скрываешься во цвете ранних лет,
Ты, дева горести, воспитанница бед,
Смиренная раба неумолимой власти!
Увижу ли тебя, услышу ль голос твой?
И долго ль в мрачности ночной
Мне с думой горестной, душой осиротелой
Угадывать окно обители твоей,
Когда снег вьюгою крутится средь полей
И свищет резкий ветр в власа оледенелы!
Ах, может быть, влекомая судьбой
Или предчувствием, душе неизъяснимым,
Ты крадешься к окну... когда мучитель твой,
Стан гибкий охватя насильственной рукой,
Бросает трепетну к подругам торопливым.
Восстань, о бог богов! Да пламенной рекой
Твой гнев жестокий и правдивый
Обрушится с небес на зданье горделиво,
Темницу адскую невинности младой;
Да над строптивою преступника главой
Перуны ярые со треском разразятся!
Ах! кто осмелился бесчувственно касаться
До юных прелестей красавицы моей,
Тот в буйной гордости своей
И лик священный твой повергнет раздробленный,
И рушит алтари, тебе сооруженны!
Но ты, любимица богов,
Ты бедствий не страшись -- невидимый покров
Приосенит тебя от бури разъяренной,
Твой спутник бог любви -- стезею потаенной
Он провести прекрасную готов
От ложа горести до ложа наслажденья;
О, не чуждайся ты благого поученья
Бессмертного вождя! -- Учись, во тьме ночной
Как между стражами украдкой пробираться,
Как легкою стопой чуть до полу касаться
И ощупью брести по лестнице крутой;
Дерзни! я жду тебя, кипящий нетерпеньем!
Тебе ль платить обидным подозреньем
Владыке благ земных? Ты вспомни, сколько раз
От ненасытных моих глаз
Твой аргус в трепетном смущенье
Тебя с угрозой похищал
И тайным влек путем обратно в заточенье!..
Все тщетно; я ему стезю пересекал.
Крылатый проводник меня предупреждал
И путь указывал мне прежде неизвестный!
Решись без робости, о сердца друг прелестный!
Не медли! Полночь бьет!
И угасающи лампады закурились,
И стражи грозные во мраке усыпились...
И руку бог любви прекрасной подает!
Д. В. Давыдов
ELEGIEXII
A EUCHARIS
Que peut demander aux dieux
L'amant qui baise tes yeux,
Et qui t'a donné sa vie?
Il ne voit rien sous les cieux
Qu'il regrette ou qu'il envie.
Qu'un autre amasse en paix les épis jaunissants
Que la Beauce nourrit dans ses fertiles plaines;
Qu'il range sous ses lois vingt troupeaux mugissants,
Que la pourpre de Туг abreuve encore ses laines;
Longtemps, avant l'aube du jour,
Que l'avide marchand s'éveille,
Et quitte sans pitié le maternel séjour,
Amoureux des travaux qu'il détestait la veille;
Qu'il brave et les sables brûlants,
Et les glaces hyperborées;
Qu'il fatigue les mers, qu'il enchaîne les vents,
Pour boire le tokai dans des coupes dorées:
J'aime mieux du soleil éviter les chaleurs
Sous l'humble coudrier soumis à ma puissance.
Périssent les trésors, plutôt que mon absence,
О ma chère Eucharis, fasse couler tes pleurs!
Que me faut-il à moi? des routes incertaines
Sous un ombrage frais, de limpides fontaines,
Un gazon toujours vert, des parfums et des fleurs,
Oui, ma divine maîtresse,
Pourvu que sur mon cœur je presse tes appas,
Qu'importe que la Gloire, accusant ma paresse,
Agite le laurier qui m'attend sur ses pas?
Loin du tumulte et des alarmes,
Je vivrais avec toi dans le fond des forêts.
Ce bras n'a jusqu'ici manié que des armes;
Mais disciple, avec toi, de la blonde Cérès,
Je ne rougirais pas de dételer moi-même
Des bœufs fumants sous l'aiguillon,
De reprendre, le soir, un pénible sillon,
Et de suivre, à pas lents, le soc de Triptolème.
Je ne rougirais pas, sous mes doigts écumants,
De presser avec toi le nectar des abeilles,
D'écarter les voleurs et les oiseaux gourmands,
Ou de compter les fruits qui rompent tes corbeilles.
Avec toi, d'un front plus riant
J'accueillerais une aimable indigence,
Que si des dieux, sans toi, la barbare indulgence
Mettait à mes genoux l'Europe et l'Orient.
Que m'importe FEuphrate et son luxe superbe?
Que m'importe Paris et son art dangereux,
Si, tous deux enfoncés dans l'épaisseur de l'herbe,
Ou dans ces blés flottants, dont Гог sur tes cheveux,
Ornement importun, vient se courber en gerbe,
Je te trouve plus belle, et moi plus amoureux?
Ah! loin des faux plaisirs dont la richesse abonde,
Crois-moi, l'amant heureux, qui seul au fond du bois
Te caresse au doux bruit et des vents et de Tonde,