Верхарн Эмиль
Les Heures Claires

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   The Project Gutenberg EBook of Les Heures Claires, by Emile Verhaeren
  
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   Title: Les Heures Claires
  
   Author: Emile Verhaeren
  
   Release Date: January 11, 2004 [EBook #10061]
  
   Language: French
  
   Character set encoding: ISO Latin-1
  
   *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES HEURES CLAIRES ***
  
  
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   Em. Verhaeren
   Les heures claires
  
  
  
   1896
  
  
   O la splendeur de notre joie,
   Tissêe en or dans l'air de soie !
  
   Voici la maison douce et son pignon lêger,
   Et le jardin et le verger.
  
   Voici le banc, sous les pommiers
   D'où s'effeuille le printemps blanc,
   A pêtales frôlants et lents.
   Voici des vols de lumineux ramiers
   Plânant, ainsi que des prêsages,
   Dans le ciel clair du paysage.
  
   Voici -- pareils à des baisers tombês sur terre
   De la bouche du frêle azur --
   Deux bleus êtangs simples et purs,
   Bordês naïvement de fleurs involontaires.
  
   O la splendeur de notre joie et de nous-mêmes,
   En ce jardin où nous vivons de nos emblèmes !
  
   Là-bas, de lentes formes passent,
   Sont-ce nos deux âmes qui se dêlassent,
   Au long des bois et des terrasses ?
  
   Sont-ce tes seins, sont-ce tes yeux
   Ces deux fleurs d'or harmonieux ?
   Et ces herbes -- on dirait des plumages
   Mouillês dans la source qu'ils plissent --
   Sont-ce tes cheveux frais et lisses ?
  
   Certes, aucun abri ne vaut le clair verger,
   Ni la maison au toit lêger,
   Ni ce jardin, où le ciel trame
   Ce climat cher à nos deux âmes.
  
   Quoique nous le voyions fleurir devant nos yeux,
   Ce jardin clair où nous passons silencieux,
   C'est plus encore en nous que se fêconde
   Le plus joyeux et le plus doux jardin du monde.
  
   Car nous vivons toutes les fleurs,
   Toutes les herbes, toutes les palmes
   En nos rires et en nos pleurs
   De bonheur pur et calme.
  
   Car nous vivons toutes les transparences
   De l'êtang bleu qui reflète l'exubêrance
   Des roses d'or et des grands lys vermeils :
   Bouches et lèvres de soleil.
  
   Car nous vivons toute la joie
   Dardêe en cris de fête et de printemps,
   En nos aveux, où se côtoient
   Les mots fervents et exaltants.
  
   Oh ! dis, c'est bien en nous que se fêconde
   Le plus joyeux et clair jardin du monde.
  
   Ce chapiteau barbare, où des monstres se tordent,
   Soudês entre eux, à coups de griffes et de dents,
   En un tumulte fou de sang, de cris ardents,
   De blessures et de gueules qui s'entre-mordent,
   C'êtait moi-même, avant que tu fusses la mienne,
   O toi la neuve, ô toi l'ancienne !
   Qui vins à moi des loins d'êternitê,
   Avec, entre tes mains, l'ardeur et la bontê.
  
   Je sens en toi les mêmes choses très profondes
   Qu'en moi-même dormir
   Et notre soif de souvenir
   Boire l'êcho, où nos passês se correspondent.
  
   Nos yeux ont dû pleurer aux mêmes heures,
   Sans le savoir, pendant l'enfance :
   Avoir mêmes effrois, mêmes bonheurs,
   Mêmes êclairs de confiance :
   Car je te suis liê par l'inconnu
   Qui me fixait, jadis au fond des avenues
   Par où passait ma vie aventurière,
   Et, certes, si j'avais regardê mieux,
   J'aurais pu voir s'ouvrir tes yeux
   Depuis longtemps en ses paupières.
  
   Le ciel en nuit s'est dêpliê
   Et la lune semble veiller
   Sur le silence endormi.
  
   Tout est si pur et clair,
   Tout est si pur et si pâle dans l'air
   Et sur les lacs du paysage ami,
   Qu'elle angoisse, la goutte d'eau
   Qui tombe d'un roseau
   Et tinte et puis se tait dans l'eau.
  
   Mais j'ai tes mains entre les miennes
   Et tes yeux sûrs, qui me retiennent,
   De leurs ferveurs, si doucement ;
   Et je te sens si bien en paix de toute chose,
   Que rien, pas même un fugitif soupèon de crainte,
   Ne troublera, fût-ce un moment,
   La confiance sainte
   Qui dort en nous comme un enfant repose.
  
   Chaque heure, où je pense à ta bontê
   Si simplement profonde,
   Je me confonds en prières vers toi.
  
   Je suis venu si tard
   Vers la douceur de ton regard
   Et de si loin, vers tes deux mains tendues,
   Tranquillement, par à travers les êtendues !
  
   J'avais en moi tant de rouille tenace
   Qui me rongeait, à dents rapaces,
   La confiance ;
  
   J'êtais si lourd, j'êtais si las,
   J'êtais si vieux de mêfiance,
   J'êtais si lourd, j'êtais si las
   Du vain chemin de tous mes pas.
  
   Je mêritais si peu la merveilleuse joie
   De voir tes pieds illuminer ma voie,
   Que j'en reste tremblant encore et presqu'en pleurs,
   Et humble, à tout jamais, en face du bonheur.
  
   Tu arbores parfois cette grâce bênigne
   Du matinal jardin tranquille et sinueux
   Qui dêroule, là-bas, parmi les lointains bleus,
   Ses doux chemins courbês en cols de cygne.
  
   Et, d'autres fois, tu m'es le frisson clair
   Du vent rapide et miroitant
   Qui passe, avec ses doigts d'êclair,
   Dans les crins d'eau de l'êtang blanc.
  
   Au bon toucher de tes deux mains,
   Je sens comme des feuilles
   Me doucement frôler ;
   Que midi brûle le jardin.
   Les ombres, aussitôt recueillent
   Les paroles chères dont ton être a tremblê.
  
   Chaque moment me semble, grâce à toi,
   Passer ainsi divinement en moi.
   Aussi, quand l'heure vient de la nuit blême,
   Où tu te cèles en toi-même,
   En refermant les yeux,
   Sens-tu mon doux regard dêvotieux,
   Plus humble et long qu'une prière,
   Remercier le tien sous tes closes paupières ?
  
   Oh ! laisse frapper à la porte
   La main qui passe avec ses doigts futiles ;
   Notre heure est si unique, et le reste qu'importe,
   Le reste, avec ses doigts futiles.
  
   Laisse passer, par le chemin,
   La triste et fatigante joie,
   Avec ses crêcelles en mains.
  
   Laisse monter, laisse bruire
   Et s'en aller le rire ;
   Laisse passer la foule et ses milliers de voix.
  
   L'instant est si beau de lumière,
   Dans le jardin, autour de nous,
   L'instant est si rare de lumière trêmière,
   Dans notre cœur, au fond de nous.
  
   Tout nous prêche de n'attendre plus rien
   De ce qui vient ou passe,
   Avec des chansons lasses
   Et des bras las par les chemins.
  
   Et de rester les doux qui bênissons le jour.
   Même devant la nuit d'ombre barricadêe,
   Aimant en nous, par dessus tout, l'idêe
   Que bellement nous nous faisons de notre amour.
  
   Comme aux âges naïfs, je t'ai donnê mon cœur,
   Ainsi qu'une ample fleur
   Qui s'ouvre, au clair de la rosêe ;
   Entre ses plis frêles, ma bouche s'est posêe.
  
   La fleur, je la cueillis au prê des fleurs en flamme ;
   Ne lui dis rien : car la parole entre nous deux
   Serait banale, et tous les mots sont hasardeux.
   C'est à travers les yeux que l'âme êcoute une âme.
  
   La fleur qui est mon cœur et mon aveu,
   Tout simplement, à tes lèvres confie
   Qu'elle est loyale et claire et bonne, et qu'on se fie
   Au vierge amour, comme un enfant se fie à Dieu.
  
   Laissons l'esprit fleurir sur les collines,
   En de capricieux chemins de vanitê ;
   Et faisons simple accueil à la sincêritê
   Qui tient nos deux cœurs clairs, en ses mains cristallines ;
   Et rien n'est beau comme une confession d'âmes,
   L'une à l'autre, le soir, lorsque la flamme
   Des incomptables diamants
   Brûle, comme autant d'yeux
   Silencieux,
   Le silence des firmaments.
  
   Le printemps jeune et bênêvole
   Qui vêt le jardin de beautê
   Elucide nos voix et nos paroles
   Et les trempe dans sa limpiditê.
  
   La brise et les lèvres des feuilles
   Babillent -- et effeuillent
   En nous les syllabes de leur clartê.
  
   Mais le meilleur de nous se gare
   Et fuit les mots matêriels ;
   Un simple et doux êlan muet
   Mieux que tout verbe amarre
   Notre bonheur à son vrai ciel :
   Celui de ton âme, à deux genoux,
   Tout simplement, devant la mienne,
   Et de mon âme, à deux genoux,
   Très doucement, devant la tienne.
  
   Viens lentement t'asseoir
   Près du parterre, dont le soir
   Ferme les fleurs de tranquille lumière,
   Laisse filtrer la grande nuit en toi :
   Nous sommes trop heureux pour que sa mer d'effroi
   Trouble notre prière.
  
   Là-haut, le pur cristal des êtoiles s'êclaire.
   Voici le firmament plus net et translucide
   Qu'un êtang bleu ou qu'un vitrail d'abside ;
   Et puis voici le ciel qui regarde à travers.
  
   Les mille voix de l'ênorme mystère
   Parlent autour de toi.
   Les mille lois de la nature entière
   Bougent autour de toi,
   Les arcs d'argent de l'invisible
   Prennent ton âme et son êlan pour cible,
   Mais tu n'as peur, oh ! simple cœur,
   Mais tu n'as peur, puisque ta foi
   Est que toute la terre collabore
   A cet amour que fit êclore
   La vie et son mystère en toi.
  
   Joins donc les mains tranquillement
   Et doucement adore ;
   Un grand conseil de puretê
   Et de divine intimitê
   Flotte, comme une êtrange aurore,
   Sous les minuits du firmament.
  
   Combien elle est facilement ravie,
   Avec ses yeux d'extase ignêe,
   Elle, la douce et rêsignêe
   Si simplement devant la vie.
  
   Ce soir, comme un regard la surprenait fervente,
   Et comme un mot la transportait
   Au pur jardin de joie, où elle êtait
   Tout à la fois reine et servante.
  
   Humble d'elle, mais ardente de nous,
   C'êtait à qui ploierait les deux genoux,
   Pour recueillir le merveilleux bonheur
   Qui, mutuel, nous dêbordait du cœur.
  
   Nous êcoutions se taire, en nous, la violence
   De l'exaltant amour qu'emprisonnaient nos bras
   Et le vivant silence
   Dire des mots que nous ne savions pas.
  
   Au temps où longuement j'avais souffert
   Où les heures m'êtaient des pièges,
   Tu m'apparus l'accueillante lumière
   Qui luit, aux fenêtres, l'hiver,
   Au fonds des soirs, sur de la neige.
  
   Ta clartê d'âme hospitalière
   Frôla, sans le blesser, mon cœur,
   Comme une main de tranquille chaleur ;
   Un espoir tiède, un mot clêment,
   Pênêtrèrent en moi très lentement ;
  
   Puis vint la bonne confiance
   Et la franchise et la tendresse et l'alliance,
   Enfin, de nos deux mains amies,
   Un soir de claire entente et de douce accalmie.
  
   Depuis, bien que l'êtê ait succêdê au gel,
   En nous-mêmes et sous le ciel,
   Dont les flammes êternisêes
   Pavoisent d'or tous les chemins de nos pensêes,
   Et que l'amour soit devenu la fleur immense,
   Naissant du fier dêsir,
   Qui, sans cesse, pour mieux encor grandir,
   En notre cœur, se recommence,
   Je regarde toujours la petite lumière
   Qui me fut douce, la première.
  
   Je ne dêtaille pas, ni quels nous sommes
   L'un pour l'autre, ni les pourquois, ni les raisons :
   Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons
   Qui s'ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes.
  
   Je ne raisonne pas, et ne veux pas savoir,
   Et rien ne troublera ce qui n'est que mystère
   Et qu'êlans doux et que ferveur involontaire
   Et que tranquille essor vers nos parvis d'espoir.
  
   Je te sens claire avant de te comprendre telle ;
   Et c'est ma joie, infiniment,
   De m'êprouver si doucement aimant,
   Sans demander pourquoi ta voix m'appelle.
  
   Soyons simples et bons -- et que le jour
   Nous soit tendresse et lumière servies,
   Et laissons dire que la vie
   N'est point faite pour un pareil amour.
  
   A ces reines qui lentement descendent
   Les escaliers en ors et fleurs de la lêgende,
   Dans mon rêve, parfois, je t'apparie ;
   Je te donne des noms qui se marient
   A la clartê, à la splendeur et à la joie,
   Et bruissent en syllabes de soie,
   Au long des vers bâtis comme une estrade
   Pour la danse des mots et leurs belles parades.
  
   Mais combien vite on se lasse du jeu,
   A te voir douce et profonde et si peu
   Celle dont on enjolive les attitudes ;
   Ton front si clair et pur et blanc de certitude,
   Tes douces mains d'enfant en paix sur tes genoux,
   Tes seins se soulevant au rythme de ton pouls
   Qui bat comme ton cœur immense et ingênu,
   Oh ! comme tout, hormis cela et ta prière,
   Oh ! comme tout est pauvre et vain, hors la lumière
   Qui me regarde et qui m'accueille en tes yeux nus.
  
   Je dêdie à tes pleurs, à ton sourire,
   Mes plus douces pensêes,
   Celles que je te dis, celles aussi
   Qui demeurent imprêcisêes
   Et trop profondes pour les dire.
  
   Je dêdie à tes pleurs, à ton sourire
   A toute ton âme, mon âme,
   Avec ses pleurs et ses sourires
   Et son baiser.
  
   Vois-tu, l'aurore naît sur la terre effacêe,
   Des liens d'ombre semblent glisser
   Et s'en aller, avec mêlancolie ;
   L'eau des êtangs s'êcoule et tamise son bruit,
   L'herbe s'êclaire et les corolles se dêplient,
   Et les bois d'or se dêsenlacent de la nuit.
  
   Oh ! dis, pouvoir un jour,
   Entrer ainsi dans la pleine lumière ;
   Oh ! dis, pouvoir un jour
   Avec toutes les fleurs de nos âmes trêmières,
   Sans plus aucun voile sur nous,
   Sans plus aucun mystère en nous,
   Oh dis, pouvoir, un jour,
   Entrer à deux dans le lucide amour !
  
   Je noie en tes deux yeux mon âme toute entière
   Et l'êlan fou de cette âme êperdue,
   Pour que, plongêe en leur douceur et leur prière,
   Plus claire et mieux trempêe, elle me soit rendue.
  
   S'unir pour êpurer son être,
   Comme deux vitraux d'or en une même abside
   Croisent leurs feux diffêremment lucides
   Et se pênètrent !
  
   Je suis parfois si lourd, si las,
   D'être celui qui ne sait pas
   Etre parfait, comme il se veut !
   Mon cœur se bat contre ses vœux,
   Mon cœur dont les plantes mauvaises,
   Entre des rocs d'entêtement,
   Dressent, sournoisement,
   Leurs fleurs d'encre ou de braise ;
   Mon cœur si faux, si vrai, selon les jours,
   Mon cœur contradictoire,
   Mon cœur exagêrê toujours
   De joie immense ou de crainte attentatoire.
  
   Pour nous aimer des yeux,
   Lavons nos deux regards, de ceux
   Que nous avons croisês, par milliers, dans la vie
   Mauvaise et asservie.
  
   L'aube est en fleur et en rosêe
   Et en lumière tamisêe
   Très douce :
   On croirait voir de molles plumes
   D'argent et de soleil, à travers brumes,
   Frôler et caresser, dans le jardin, les mousses.
  
   Nos bleus et merveilleux êtangs
   Tremblent et s'animent d'or miroitant,
   Des vols êmeraudês, sous les arbres, circulent ;
   Et la clartê, hors des chemins, des clos, des haies,
   Balaie
   La cendre humide, où traîne encor le crêpuscule.
  
   Au clos de notre amour, l'êtê se continue :
   Un paon d'or, là-bas traverse une avenue ;
   Des pêtales pavoisent,
   -- Perles, êmeraudes, turquoises --
   L'uniforme sommeil des gazons verts ;
   Nos êtangs bleus luisent, couverts
   Du baiser blanc des nênuphars de neige ;
   Aux quinconces, nos groseillers font des cortèges ;
  
   Un insecte de prisme irrite un cœur de fleur ;
   De merveilleux sous-bois se jaspent de lueurs ;
   Et, comme des bulles lêgères, mille abeilles
   Sur des grappes d'argent, vibrent, au long des treilles.
  
   L'air est si beau qu'il paraît chatoyant ;
   Sous les midis profonds et radiants,
   On dirait qu'il remue en roses de lumière ;
   Tandis qu'au loin, les routes coutumières,
   Telles de lents gestes qui s'allongent vermeils,
   A l'horizon nacrê, montent vers le soleil.
  
   Certes, la robe en diamants du bel êtê
   Ne vêt aucun jardin d'aussi pure clartê ;
   Et c'est la joie unique êclose en nos deux âmes
   Qui reconnait sa vie en ces bouquets de flammes.
  
   Que tes yeux clairs, tes yeux d'êtê,
   Me soient, sur terre,
   Les images de la bontê.
  
   Laissons nos âmes embrasêes
   Exalter d'or chaque flamme de nos pensêes.
  
   Que mes deux mains contre ton cœur
   Te soient, sur terre,
   Les emblèmes de la douceur.
  
   Vivons pareils à deux prières êperdues
   L'une vers l'autre, à toute heure, tendues.
  
   Que nos baisers sur nos bouches ravies
   Nous soient sur terre,
   Les symboles de notre vie.
  
   Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie,
   Dis, combien l'absence, même d'un jour,
   Attriste et attise l'amour
   Et le rêveille, en ses brûlures endormies.
  
   Je m'en vais au devant de ceux
   Qui reviennent des lointains merveilleux,
   Où, dès l'aube, tu es allêe ;
   Je m'assieds sous un arbre, au dêtour de l'allêe,
  
   Et, sur la route, êpiant leur venue,
   Je regarde et regarde, avec ferveur, leurs yeux
   Encore clairs de t'avoir vue.
  
   Et je voudrais baiser leurs doigts qui t'ont touchêe,
   Et leur crier des mots qu'ils ne comprendraient pas,
   Et j'êcoute longtemps se cadencer leurs pas
   Vers l'ombre, où les vieux soirs tiennent la nuit penchêe.
  
   En ces heures où nous sommes perdus
   Si loin de tout ce qui n'est pas nous-mêmes.
   Quel sang lustral ou quel baptême
   Baigne nos cœurs vers tout l'amour tendus ?
  
   Joignant les mains, sans que l'on prie,
   Tendant les bras, sans que l'on crie,
   Mais adorant on ne sait quoi
   De plus lointain et de plus pur que soi,
   L'esprit fervent et ingênu,
   Dites, comme on se fond, comme on se vit dans l'inconnu.
  
   Comme on s'abîme en la prêsence
   De ces heures de suprême existence,
   Comme l'âme voudrait des cieux
   Pour y chercher de nouveaux dieux,
   Oh ! l'angoissante et merveilleuse joie
   Et l'espêrance audacieuse
   D'être, un jour, à travers la mort même, la proie
   De ces affres silencieuses.
  
   Oh ! ce bonheur
   Si rare et si frêle parfois
   Qu'il nous fait peur !
  
   Nous avons beau taire nos voix,
   Et nous faire comme une tente,
   Avec toute ta chevelure,
   Pour nous crêer un abri sûr,
   Souvent l'angoisse en nos âmes fermente.
  
   Mais notre amour êtant comme un ange à genoux,
   Prie et supplie,
   Que l'avenir donne à d'autres que nous
   Même tendresse et même vie,
   Pour que leur sort de notre sort ne soit jaloux.
  
   Et puis, aux jours mauvais, quand les grands soirs
   Illimitent, jusques au ciel, le dêsespoir,
   Nous demandons pardon à la nuit qui s'enflamme
   De la douceur de notre âme.
  
   Vivons, dans notre amour et notre ardeur,
   Vivons si hardiment nos plus belles pensêes
   Qu'elles s'entrelacent, harmonisêes
   A l'extase suprême et l'entière ferveur.
  
   Parce qu'en nos âmes pareilles,
   Quelque chose de plus sacrê que nous
   Et de plus pur et de plus grand s'êveille,
   Joignons les mains pour l'adorer à travers nous.
  
   Il n'importe que nous n'ayons que cris ou larmes
   Pour humblement le dêfinir,
   Et que si rare et si puissant en soit le charme,
   Qu'à le goûter, nos cœurs soient prêts à dêfaillir.
  
   Restons quand même et pour toujours, les fous
   De cet amour presqu'implacable,
   Et les fervents, à deux genoux,
   Du Dieu soudain qui règne en nous,
   Si violent et si ardemment doux
   Qu'il nous fait mal et nous accable.
  
   Sitôt que nos bouches se touchent,
   Nous nous sentons tant plus clairs de nous-mêmes
   Que l'on dirait des Dieux qui s'aiment
   Et qui s'unissent en nous-mêmes ;
  
   Nous nous sentons le cœur si divinement frais
   Et si renouvelê par leur lumière
   Première
   Que l'univers, sous leur clartê, nous apparaît.
  
   La joie est à nos yeux l'unique fleur du monde
   Qui se prodigue et se fêconde,
   Innombrable, sur nos routes d'en bas ;
   Comme là haut, par tas,
   En des pays de soie où voyagent des voiles
   Brille la fleur myriadaire des êtoiles.
  
   L'ordre nous êblouit, comme les feux, la cendre,
   Tout nous êclaire et nous paraît : flambeau ;
   Nos plus simples mots ont un sens si beau
   Que nous les rêpêtons pour les sans cesse entendre.
  
   Nous sommes les victorieux sublimes
   Qui conquêrons l'êternitê,
   Sans nul orgueil et sans songer au temps minime :
   Et notre amour nous semble avoir toujours êtê.
  
   Pour que rien de nous deux n'êchappe à notre êtreinte,
   Si profonde qu'elle en est sainte
   Et qu'à travers le corps même, l'amour soit clair,
   Nous descendons ensemble au jardin de ta chair.
  
   Tes seins sont là, ainsi que des offrandes,
   Et tes deux mains me sont tendues ;
   Et rien ne vaut la naïve provende
   Des paroles dites et entendues.
  
   L'ombre des rameaux blancs voyage
   Parmi ta gorge et ton visage
   Et tes cheveux dênouent leur floraison,
   En guirlandes, sur les gazons.
  
   La nuit est toute d'argent bleu,
   La nuit est un beau lit silencieux,
   La nuit douce, dont les brises vont, une à une,
   Effeuiller les grands lys dardês au clair de lune.
  
   Bien que dêjà, ce soir,
   L'automne
   Laisse aux sentes et aux orêes,
   Comme des mains dorêes,
   Lentes, les feuilles choir ;
   Bien que dêjà l'automne,
   Ce soir, avec ses bras de vent,
   Moissonne
   Sur les rosiers fervents,
   Les pêtales et leur pâleur,
   Ne laissons rien de nos deux âmes
   Tomber soudain avec ces fleurs.
  
   Mais tous les deux autour des flammes
   De l'âtre en or du souvenir,
   Mais tous les deux blottissons-nous,
   Les mains au feu et les genoux.
  
   Contre les deuils à craindre ou à venir,
   Contre le temps qui fixe à toute ardeur sa fin,
   Contre notre terreur, contre nous-mêmes, enfin,
   Blottissons-nous, près du foyer,
   Que la mêmoire en nous fait flamboyer.
  
   Et si l'automne obère
   A grands pans d'ombre et d'orages plânants,
   Les bois, les pelouses et les êtangs,
   Que sa douleur du moins n'altère
   L'intêrieur jardin tranquillisê,
   Où s'unissent, dans la lumière,
   Les pas êgaux de nos pensêes.
  
   Le don du corps, lorsque l'âme est donnêe
   N'est rien que l'aboutissement
   De deux tendresses entraînêes
   L'une vers l'autre, êperdûment.
  
   Tu n'es heureuse de ta chair
   Si simple, en sa beautê natale,
   Que pour, avec ferveur, m'en faire
   L'offre complète et l'aumône totale.
  
   Et je me donne à toi, ne sachant rien
   Sinon que je m'exalte à te connaître,
   Toujours meilleure et plus pure peut-être
   Depuis que ton doux corps offrit sa fête au mien.
  
   L'amour, oh ! qu'il nous soit la clairvoyance
   Unique, et l'unique raison du cœur,
   A nous, dont le plus fol bonheur
   Est d'être fous de confiance.
  
   Fût-il en nous une seule tendresse,
   Une pensêe, une joie, une promesse,
   Qui n'allât, d'elle-même, au devant de nos pas ?
  
   Fût-il une prière en secret entendue,
   Dont nous n'ayons serrê les mains tendues
   Avec douceur, sur notre sein ?
  
   Fût-il un seul appel, un seul dessein,
   Un vœu tranquille ou violent
   Dont nous n'ayons êpanoui l'êlan ?
  
   Et, nous aimant ainsi,
   Nos cœurs s'en sont allês, tels des apôtres,
   Vers les doux cœurs timides et transis
   Des autres :
   Ils les ont conviês, par la pensêe,
   A se sentir aux nôtres fiancês,
   A proclamer l'amour avec des ardeurs franches,
   Comme un peuple de fleurs aime la même branche
   Qui le suspend et le baigne dans le soleil ;
   Et notre âme, comme agrandie, en cet êveil,
   S'est mise à cêlêbrer tout ce qui aime,
   Magnifiant l'amour pour l'amour même,
   Et à chêrir, divinement, d'un dêsir fou,
   Le monde entier qui se rêsume en nous.
  
   Le beau jardin fleuri de flammes
   Qui nous semblait le double ou le miroir,
   Du jardin clair que nous portions dans l'âme,
   Se cristallise en gel et or, ce soir.
  
   Un grand silence blanc est descendu s'asseoir
   Là-bas, aux horizons de marbre,
   Vers où s'en vont, par dêfilês, les arbres
   Avec leur ombre immense et bleue
   Et rêgulière, à côtê d'eux.
  
   Aucun souffle de vent, aucune haleine.
   Les grands voiles du froid,
   Se dêplient seuls, de plaine en plaine,
   Sur des marais d'argent ou des routes en croix.
  
   Les êtoiles paraissent vivre.
   Comme l'acier, brille le givre,
   A travers l'air translucide et glacê.
   De clairs mêtaux pulvêrisês
   A l'infini, semblent neiger
   De la pâleur d'une lune de cuivre.
   Tout est scintillement dans l'immobilitê.
  
   Et c'est l'heure divine, où l'esprit est hantê
   Par ces mille regards que projette sur terre,
   Vers les hasards de l'humaine misère,
   La bonne et pure et inchangeable êternitê.
  
   S'il arrive jamais
   Que nous soyons, sans le savoir,
   Souffrance ou peine ou dêsespoir,
   L'un pour l'autre ; s'il se faisait
   Que la fatigue ou le banal plaisir
   Dêtendissent en nous l'arc d'or du haut dêsir ;
   Si le cristal de la pure pensêe
   De notre amour doit se briser,
  
   Si malgrê tout, je me sentais
   Vaincu pour n'avoir pas êtê
   Assez en proie à la divine immensitê
   De la bontê ;
   Alors, oh ! serrons-nous comme deux fous sublimes
   Qui sous les cieux cassês, se cramponnent aux cimes
   Quand même. -- Et d'un unique essor
   L'âme en soleil, s'exaltent dans la mort.
  
  
  
  
  
   End of the Project Gutenberg EBook of Les Heures Claires, by Emile Verhaeren
  
   *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES HEURES CLAIRES ***
  
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   To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
   and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
   and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
  
  
   Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
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   The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
   501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
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   Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
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   Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
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   business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
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